Le Guinéen par nature, place beaucoup d’espérance en un homme nouveau, il attend de lui, le miracle qui ne viendra jamais.
En 2010, un vent nouveau soufflait sur la Guinée avec la montée à la magistrature suprême du Professeur Alpha Condé, un homme qui s’est gardé durant ses 40 années de lutte dans l’opposition pour l’avènement de la démocratie dans son pays, de se salir les mains dans la mangeoire de l’administration Conté. Hélas, l’histoire s’arrête là.
Le pouvoir en Afrique, bien plus qu’ailleurs révèle le véritable caractère de l’homme. Le professeur Alpha Condé ne s’est pas fait prier, dès sa prise de fonction a laissé tomber son masque. Le pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir pour l’argent et ce, quel qu’en soient les conséquences. Tel est le leitmotiv de sa gouvernance.
L’homme nouveau qu’il incarnait n’a pas su assouvir l’énorme espérance que les oubliés de la République avaient placée en lui. Cet homme nouveau n’a pas été capable d’exorciser les démons de la fracture sociale, politique, économique qui ont trop longtemps hanté la demeure de la République. Ce professeur de Droit, qui a écumé toutes les terres démocratiques du monde, n’a pas daigné répandre la justice entre les filles et fils de la Guinée , au contraire, il a abaissé toutes les valeurs du vivre-ensemble.
Au détour d’un schéma électoral préconçu par ses sous-fifres, le Professeur de Droit, réussira son passage en force pour le renouvellement de son bail à la présidence. L’appétit vient en mangeant, le second mandant constitutionnel ressemblera au premier et il servira de béquilles pour préparer le troisième. Et tout cela, ne sera pas un fleuve tout tranquille, du sang et des larmes couleront sans que cela ne fasse sourciller l’homme de Droit.
Le changement constitutionnel et la nouvelle législature s’opèrent en enjambant sur des cadavres de jeunes gens, qui ont commis le crime d’exprimer leur attachement à la Démocratie.
La présidentielle du 18 octobre 2020, est la résultante de toute cette anomalie démocratique. Cette présidentielle, a mis à l’écart une bonne frange de la classe politique. Des hommes politiques attachés aux valeurs démocratiques qui ont été contraints à rester sur le carreau parce que n’ayant pas obtenu les garanties d’un scrutin inclusif, impartial et transparent.
Le processus électoral qui a abouti à la présidentielle était scellée à l’avance ; l’organe de gestion des élections étant une figurine automatisée dont la manette est détenue par le prince du palais, le miracle démocratique de l’alternance était alors, un vœu pieux.
Les voies de l’incertitude, de la méconnaissance du lendemain ont été ouvertes dès lors que le Professeur de Droit a passé outre, les prescriptions Constitutionnelles pour son confort personnel.
La violence post-électorale sera désastreuse en terme de bilan humain. Le conflit politique s’est muém, à des endroits du pays, à un face à face entre ethnies .Les images des corps inanimés de nombreux jeunes sont encore dans les mémoires.
La vingtaine de personnes tuées; forces de l’ordre et manifestants confondus, est le seul fait d’un individu qui a décidé de braquer la démocratie, de la chosifier pour maintenir ses caisses à sous à flot, et sa clientèle à l’abris du besoin.
La peur du lendemain hante les esprits, l’avenir est fait d’incertitude, car le pilotage à la tête du pays se fait à tâtons. Six( 6 ) années de gouvernance patrimonialiste de l’Etat, caractérisée par la gabegie, les inégalités sociales, l’insécurité citoyenne, et les discours clivants, peuvent paraître longues, mais elles ne représentent rien dans la vie d’une nation.
La marche du peuple de Guinée vers la démocratie est irréversible; les obstacles actuels n’en sont que sa raison d’être.
Naby Laye Moussa Sylla