Le chef d’Etat ivoirien, qui brigue un troisième mandat controversé lors de la présidentielle de samedi, a appelé les opposants à cesser la « désobéissance civile », alors que les incidents se multiplient.
Le chef d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, qui brigue un troisième mandat controversé à la présidentielle de samedi 31 octobre, a appelé les opposants à cesser la « désobéissance civile », alors que les incidents se multiplient, surtout dans des fiefs de l’opposition. Dans ce contexte de boycott, le taux de participation sera un des enjeux du scrutin, qui doit se clore à 18 heures (19 heures à Paris). Quelque 35 000 membres de forces de l’ordre ont été déployés pour assurer la sécurité des bureaux de vote.
Les quelque 7,5 millions d’électeurs (sur 25 millions d’habitants) ont le choix entre quatre candidats : Alassane Ouattara, 78 ans ; l’ex-président et chef du principal parti d’opposition Henri Konan Bédié, 86 ans ; Pascal Affi N’Guessan, 67 ans, ancien premier ministre de Laurent Gbagbo ; et l’outsider indépendant Kouadio Konan Bertin, 51 ans. Qualifiant de « coup d’Etat électoral » la décision d’Alassane Ouattara de se représenter après deux mandats, Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan ont appelé au boycott du scrutin – même s’ils ont maintenu leurs candidatures – et à la « désobéissance civile ».
Le président Ouattara avait dit, en mars, qu’il renonçait à se représenter, avant de changer d’avis, à la suite du décès de son dauphin désigné, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
De nombreux incidents se sont produits à travers le pays dans la matinée
« J’en appelle à ceux qui ont lancé un mot d’ordre de désobéissance civile qui a conduit à des morts d’hommes : qu’ils arrêtent ! La Côte d’Ivoire a besoin de paix. Ce sont des actes criminels », a dit M. Ouattara, qui a voté en fin de matinée à Cocody, quartier chic d’Abidjan. « Je dis aux jeunes de ne pas se laisser manipuler. Il s’agit de leur avenir. (…) Je demande à tous mes concitoyens épris de paix et de patriotisme d’aller voter », a-t-il poursuivi.
De nombreux incidents se sont produits à travers le pays dans la matinée. « Le matériel électoral vient d’être brûlé à Brobo », à une vingtaine de kilomètres de Bouaké (centre), deuxième ville du pays, a déclaré Aboudramane Ouattara, président régional de la commission électorale.
A Daoukro (centre-est), le fief de l’opposant Henri Konan Bédié, le matériel électoral n’est pas arrivé aux bureaux de vote et des barricades ont été érigées dans la ville et sur certaines voies y menant, ont constaté des journalistes de l’Agence France-presse. A Bouadikro et Bongouanou (100 km au nord d’Abidjan, fiefs de Pascal Affi N’Guessan), les bureaux n’ont pas ouvert, selon des témoins des deux camps. Des barrages ont été dressés entre les villes et des jeunes prévenaient : « Pas de vote ici ! »
Troisième mandat « anticonstitutionnel »
Comme en Guinée voisine, où la réélection du président Alpha Condé pour un troisième mandat contesté a provoqué des troubles, l’opposition ivoirienne juge un troisième mandat « anticonstitutionnel ». L’élection en Côte d’Ivoire fait craindre une nouvelle crise, dix ans après la crise post-électorale issue de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3 000 morts, à la suite du refus de Laurent Gbagbo (au pouvoir depuis 2000) de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.
Une trentaine de personnes sont mortes lors de manifestations qui ont viré aux affrontements interethniques depuis le mois d’août, après l’annonce de la candidature de M. Ouattara.
Source: lemonde