La Guinée est frappée de plein fouet par la pandémie du Coronavirus qui sévit partout dans le monde. Le personnel soignant, au contact avec les personnes testées positives, fait face à d’énormes difficultés liées au manque de certains matériels et à l’insuffisance des primes qui leurs sont accordées.
Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier, mercredi 27 mai 2020, un médecin traitant au Centre de Traitement Epidémiologique (CTE) de Donka, a expliqué les nombreuses difficultés qui assaillent le personnel soignant dans le cadre de la guerre engagée contre le coronavirus.
La gestion de la pandémie du Coronavirus par les autorités sanitaires guinéennes est loin d’être satisfaisante et de nombreuses critiques sont émises dans ce sens. Selon nos informations, le personnel soignant, qui est à la fois au four et au moulin, travaille au CTE de Donka dans des conditions très compliquées, avec l’insuffisance du matériel pour une intervention sans risques.
C’est ce qu’a confié, sous le couvert de l’anonymat, un médecin qui évolue sur les lieux. « Nous travaillons dans des conditions pénibles. Là, il faut le dire. Quand nous venons, il n’y avait pas de blouses. Normalement, le minimum, on doit avoir des blouses, des masques, des écrans faciaux. Il y a des masques d’isolement, les masques M95 par exemple, les bavettes chirurgicales qu’on porte de façon quotidienne, et les masques qu’on porte pour aller dans les zones d’isolement sont différents. Mais nous aujourd’hui, il nous manque même des masques M95. On ne peut pas laisser les malades parce qu’il n’y a pas de masques. On est humain, les malades sont humains, donc il faut qu’on prenne les bavettes chirurgicales, on s’habille pour aller dans les zones d’isolement. Tout ça, c’est risqué. Vous voyez. Donc, nous travaillons dans des conditions difficiles. Et même les matériels ne sont pas au complet. On se débrouille. Quand une équipe travaille le matin, on attend qu’elle finisse, on prend son matériel pour aller travailler de l’autre côté aussi », a raconté notre ce médecin qui a requis l’anonymat.
Par ailleurs, notre interlocuteur a fait savoir que l’autre difficulté est liée à l’insuffisance des primes accordées au personnel soignant. « Moi personnellement, je n’ai même pas de moyen de déplacement. Il faut que je prenne les taxis de transport en commun. Imaginez-vous, je quitte Lambandji pour aller à Donka, et si je fais des va-et-vient, c’est un peu coûteux. Imaginez un peu ce qu’on me donne, c’est pourquoi on a dit que les 200.000 francs guinéens par jour sont un peu petits. S’ils pouvaient augmenter… ».
Face à ces nombreuses difficultés, une lettre a été adressée au ministre de la Santé pour exiger l’amélioration d’un certain nombre de points. Si rien n’est fait, une manifestation sera déclenchée, apprend-on.
Joint au téléphone pour avoir sa version des faits, le ministre de la Santé, médecin Colonel Rémy Lamah, ne s’est pas prêté aux questions de notre reporter.
Siba Guilavogui pour Guineematin.com