Depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus en Guinée, l’hôpital régional de Mamou est de moins en moins fréquenté. Peu importe de quoi ils souffrent, certains malades de la ville carrefour ont fait le choix de rester à la maison. Apparemment, ils croient dur comme fer que c’est à l’hôpital qu’ils peuvent facilement contracter la COVID-19. Et, ce comportement a entrainé une baisse considérable des activités de cette structure sanitaire couvre une population de 381 222 habitants, avec une capacité de 90 lits dont quatre lits-portes pour les urgences.
On n’a pas besoin de statistiques pour comprendre actuellement la baisse du taux de fréquentation que connait l’hôpital régional de Mamou. Dans la cour de cette structure sanitaire de la ville carrefour, le constat saute aux yeux. Les habituels et constants allers-retours dans les couloirs ont disparu, les bancs d’attentes au niveau des différents services sont quasiment déserts…
Aux urgences, tout comme à la consultation, en passant par la maternité et la chirurgie, le personnel soignant est quasiment au repos. A cause du manque de patients, le personnel soignant passe le temps à scruter le vide, à se raconter des blagues et à discuter de quelques sujets qui rythment la ville de Mamou en cette période de Ramadan.
Selon des informations confiées à Guineematin.com, comparativement à celui de l’année dernière, le premier trimestre 2020 a été marqué par une baisse d’activité de 14,06% au niveau de la consultation ; et, 11,23% au niveau de l’hospitalisation.
Dr Elhadj Aboubacar Mohamed Sylla, directeur général adjoint de l’hôpital régional de Mamou
« Quand nous faisons la comparaison entre le premier trimestre 2019 et le premier trimestre 2020, nous voyons qu’il y a une baisse d’activité. Par exemple, en consultation, durant le premier trimestre 2019, l’hôpital avait consulté 5 036 patients ; alors qu’au premier trimestre 2020, l’hôpital n’a consulté que 4 415 patients. Ce qui fait une différence de moins (-) 14,06%. Ça veut dire que l’activité a baissé de 14,06% au niveau de l’hôpital.
En hospitalisation, au premier trimestre 2019, nous avions réalisé 931 ; mais, au premier trimestre 2020, nous n’avons réalisé que 837 hospitalisations, soit -11,23%. Ça veut dire que par là aussi l’activité a baissé de 11,23%. Donc, c’est effectif, l’activité a baissé », a expliqué Dr Elhadj Aboubacar Mohamed Sylla, le directeur général adjoint de l’hôpital régional de Mamou.
Pour le seul mois d’avril 2020 (comparativement celui de 2019), l’hôpital régional de Mamou a enregistré une baisse d’activité de 65,93% en consultation et 56,25% en hospitalisation.
« Au mois d’avril 2019, en consultation, l’hôpital avait réalisé 1 802. Et, en avril 2020, nous n’avons réalisé que 1 086 consultations ; soit -65,93%. Ça veut dire que par là aussi l’activité a baissé de 65,93%.
Cependant, en hospitalisation, durant le mois d’avril 2019, l’hôpital avait réalisé 325. Et, au mois d’avril 2020, l’hôpital n’a réalisé que 208 hospitalisations, soit -56,25%. Ça veut dire que par là aussi l’activité a baissé de 56,25% », a indiqué Dr Elhadj Aboubacar Mohamed Sylla lors d’un entretien accordé cette semaine à un de nos reporters.
Pourquoi une telle baisse de fréquentation ?
Selon les informations, plusieurs citoyens de la ville se méfient actuellement de l’hôpital régional. Peu importe de quoi ils souffrent, s’y rendre n’est pas une option envisageable. Et, pour cause, la peur de contracter la COVID-19 qui fait actuellement des ravages dans le monde. Apparemment, ils croient fermement que c’est à l’hôpital qu’ils peuvent facilement contracter cette maladie qui a déjà atteint plus de 2 900 personnes et causé officiellement la mort de 19 autres en Guinée au CTE de Donka (Conakry). Mais, pour le directeur général adjoint de l’hôpital régional de Mamou, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Dr Elhadj Aboubacar Mohamed Sylla assure d’ailleurs que toutes les dispositions sont prises au niveau de l’hôpital pour éviter une contamination au coronavirus.
« Normalement, on devrait faire une enquête par rapport à ça, pour savoir pourquoi les gens ont cessé de venir à l’hôpital ; mais, comme on est dans un contexte de pandémie de COVID-19, on ne peut que lier la baisse de fréquentation à cette réalité-là. Il semble que certains ont peur de venir à l’hôpital parce qu’ils pensent que c’est ici qu’ils peuvent contracter le coronavirus. Mais, ce que nous pouvons dire à la population, c’est que l’hôpital, c’est pour elle. L’Etat a mis ça ici pour assurer leur santé. Donc, ils n’ont pas à s’inquiéter ; parce que techniquement, toutes les dispositions sont prises au niveau de l’hôpital pour rapport à ça. C’est pourquoi, aujourd’hui, au niveau de la rentrée de l’hôpital régional de Mamou, le lavage des mains est obligatoire. Nous avons une unité protection qui est là et qui fonctionne dans ce sens. Il faut avoir son masque pour pouvoir avoir accès à l’hôpital ; et, toute personne qui y arrive est flashée avant de franchir le portail. Les gens sont aussi enregistrés. Egalement, au sein de l’hôpital, au niveau de tous les services, il y a les kits de lavage des mains, il y a les équipements de protection individuelle… Il y a aussi la distanciation qui est respectée. Parce que le niveau central nous a demandé de libérer d’abord tous les stagiaires ; et, de ne mettre que l’effectif minimum pour faire fonctionner les services. C’est justement ce qui a été fait ; et, les services où il y a encore beaucoup de gens, ils font par roulement pour pouvoir respecter la distanciation au niveau du service. Les malades qui viennent aussi, on les invite à se séparer d’au moins un mètre sur les bancs. C’est autant dire qu’au niveau de l’hôpital régional de Mamou, tous les gestes barrières de lutte contre la COVID-19 sont observés. Donc, les gens peuvent venir se faire consulter et se sentir en sécurité dans cet hôpital », a expliqué Dr Elhadj Aboubacar Mohamed Sylla.
A noter que depuis le début de l’épidémie de coronavirus (le 12 mars dernier), la préfecture de Mamou n’a enregistré qu’un seul cas confirmé de COVID-19 d’abord. Et, ce cas était venu de Conakry pour la ville carrefour dans le cadre d’un séjour de travail.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com